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TIA Janus

Branko Gavela

Premières stations du paléolithique en Serbie

Résumé du livre: Branko Gavela, "Paleolit Srbije", Muzej u Arandjelovcu i Centar za arheoloska istrazivanja Filozofskog fakulteta u Beogradu, Arandjelovac-Beograd, 1988.

Les symboles et les éponymes du paléolithique de la Yougoslavie n'étaient, juste jusqu' à la moitié de notre siècle, que deux stations des chasseurs diluviaux. Ce sont la grotte ou plutôt l'abri de Krapina en Croatie, avec une civilisation et une faune fossile du paléolithique moyen, et comme la deuxième, c'est la grotte Potocka (pron. Pototchka), dans les Alpes Karavankes, en Slovénie, où on a été découvert un inventaire archéologique typique et important du paléolithique supérieur, notamment de l'époque-aurignacienne.

Malgré l'intérêt que l'on porte à la richesse archéologique des pays balkaniques en général et aux civilisations préet protohistoriques en Yougoslavie, en particuler, surtout aux régions situées au sud des grandes fleuves, de la Save et du Danube, les richesses diluviales de ces régions restaient inexplorées et aucun progrès n'a été enregistré dans nos connaissances du paléolithique de cètte ère géographique et culturelle. Un vaste domaine montagneux dans les parties dinariques était demeuré à l’écart des recherches pratiques, en ce qui concerne des vestiges, des sites et des civilisations paléolithiques.

Un grand changement a eu lieu justement au commencement de la deuxième moitié de notre siècle: l'année 1950 marque une date d'importance particulière – les régions balkaniques yougoslaves, en sens exact des limites géographiques, c'est à dire la Serbie, la Bosnie et l'Herzégovine, le Monténégro et la Macédonie font pour la première fois leur apparition dans les cadres et plans des explorations et des recherches systématiques et méthodiques des civilisations paléolithiques.

Les résultats, obtenus au cours de dernière quinzaine d'années, ont justifié, par leur richesse, leurs traits originaux et leurs rapports avec les autres grottes et stations diluviennes, les hypothèses les plus récents sur quelques traits et caractéristiques particuliers du paléolithique balkanique. L'état de recherches et des études comprenant de nombreux problèmes, issus des fouilles et de la situation naturelle qui avait conditionné l'évolution de ce paléolithique, ne nous permet pas encore de fixer définitivement sa place dans les complexes paléolithiques de l'Europe Centrale.
L'importance des documents archéologiques et paléontologiques ainsi que les données géologiques et climatologiques des stations diluviennes en Serbie est telle que cette région yougoslave mérite, à notre intérêt scientifique tout particulier. Pour cette raison il est indispensable de lui consacrer assez de place dans notre exposé afin de donner des renseignements plus dètailles sur les premières stations paléolithiques en Serbie et sur leur caractère géologique, paléontologique et culturel.
Dans la partie historique de notre exposé il faudrait mettre en relief le fait qu'il y avait quelques auteurs, yougoslaves et étrangers, qui s'occupaient du paléolithique de la Serbie et des problèmes qui en proviennent. Dans un article sous le titre "La grotte de Prekonogués" le grand anthropogéographe serbe, Jovan Cvijic a indiqué, déjà en 1891,cette grotte de la Serbie comme station des hommes diluviaux, habitée à l'époque du paléolithique supérieur, peut-être, d'après Cvijic, au cours de la période aurignacienne. Dans une étude se rapportant sur les questions et les problèmes du paléolithique de la Serbie, l'archéologue Slovène M. S. Brodar, s'est prononcé sur la valeur scientifique de l'information citée de Cvijic: "Si nous prenons en considération les trouvailles paléolithiques faites plus tard dans les grottes de Bulgarie, ainsi que la station paléolithique découverte dans la grotte près de Gradac, aux environs de Kragujevac, nous pouvons classer la grotte de Prekonogué avec une grande probabilité, presque avec la certitude; parmi les stations paléolithiques. Il est probable que la première station paléolithique en Serbie et dans les Balkans en général ait été découverte dans cette grotte." Malheureusement, cette conclusion n'a qu'une valeur purement théorique et hypothétique, étant donné que cette grotte n'était pas soumise, jusqu'à maintenant, aux recherches systématiques.

Dans son article de 1923, d'ailleurs assez connu, – Notes de voyages paléolithiques en Europe centrale – l'Abbé Breuil s'est occupé des problèmes du paléolithique en Serbie. Il y faisait mantion des grottes aurignaciennes dans la région de Belgrade. Il s'est prononcé sur l'aurignacien balkanique d'une façon qui n'était pas convaincante et citant la documentation archéologique qu'il n'a pas vue et dont il n'a reçu que d'informations indirectes. Pour montrer que les données ou plutôt les informations d'Abbé Breuil n'étaient qu'une seule hypothèse, que quelques archéologues ont acceptée (appréciée) comme un fait définitif, nous citons le texte de H. Breuil "in extenso": «Je tiens de mes amis polonais, revenus récemment d'une tournée dans ces régions, que plusieurs trouvailles aurignaciennes bien définies ont été faîtes dans ce pays (la Bulgarie – rem. de B. G.) et en Serbie... Des pointes et des silex aurignaciens viennent aussi de cavernes de la région de Belgrade. Il est donc probable que toute la région balkanique, mieux étudiée, fera connaître des stations aurignaciennes". Acceptant ces données comme faits concrets G. Childe, un de meilleurs connaisseurs de la préhistoire de la vallée du Danube et des Balkans, avait précisé même le rapport entre cette civilisation paléolithique des environs de Belgrade et les civilisations mieux connues du paléolithique supérieur de la région plus vaste de l'Europe centrale. Parlant directement de l'apparition de la civilisation aurignacienne dans cette région, Childe avait attaché son apparition à celle de nouveaux éléments anthropologiques: "Cette dernière (c'est-à-dire la civilisation aurignacienne dont parle Childe) est représentée dans une vaste région de notre province, à partir de la Transilvanie et des Balkans jusqu'à l'Allemagne centrale... mais on rencontre la même industrie dans de nombreuses grottes ou abris, commençant avec ceux près de Belgrade et ceux dans les Alpes Transilvaniennes jusqu'à Ofnet en Bavière, Wildscheuer sur le Lahn et Karlstein en Eifel".

Cependant, il n'y a pas longtemps que le professeur Brodar a contesté catégoriquement non seulement les informations que l'Abbé Breuil et Childe nous ont données, mais même la possibilité d'existence de stations paléolithiques dans la dite région. Dans son article se rapportant au paléolithique de la Serbie, M. Brodar est arrivé à la conclusion qu' -"il est impossible de prouver avec une certitude absolue une station paléolithique bien que les résultais sont tels que la vraisemblance de leur existence éventuelle a été prise en sérieuse considération".

La réserve et le doute que M. Brodar avait exprimés n'étaient pas de longue durée: nous avons découvert deux stations paléolithiques, en Serbie centrale et, d'autre pari, nous avons constaté et prouvé de documents matériels qu'il existe des grottes de l'époque sarmatienne au faubourg sud-ouest de Belgrade. Elles sont inconnues de M. Brodar que, vraisemblablement, de l'abbé Breuil. Leur époque diluviale est attestée par les couches extrêmement riches en restes des fossiles d'une faune quaternaire typique.

Les deux grottes de la Serbie centrale, que nous avons fauillées de 1951 à 1961, peuvent être déterminées comme premières stations paléolithiques en Serbie, prouvant leur époque et leur caractère par une riche documentation fossile en culturelle.

A l'égard des résultats que nous avons obtenus en fouillant ces deux grottes – Jerina près de Kragujevac, et Risovaca (pron. Rissovatcha) près d'Arandjelovac, à une centaine de kilomètres au sud de Belgrade – nous pouvons dire maintenant qu'ils dépassent les cadres et les mesures de l'intérêt local de l'archéologie yougoslave. Historiquement, avec ces fouilles nous avons commencé à écrire les premières lignes de l'archéologie quaternaire en Serbie et dans les régions balkaniques de la Yougoslavie. Pratiquement, l'étude des résultats obtenus au cours des fouilles et la solution des problèmes issus de ces études et travaux pratiques sur le terrain nous permettent d'approfondir nos connaissances des civilisations paléolithiques en Europe centrale et d'y emporter plus de données ainsi que plus de précision et d'exactitude. Théoriquement, le climat spécifique d'un côté des pays avoisinant le Méditerranée et de l'autre les larges régions européennes qui étaient sous l'influence de la grande calotte glacière nous obligent de trouver la place du paléolithique de la Serbie sur l'échelle générale des civilisations préhistoriques, ainsi que d'établir ses caractéristiques et ses affinités avec le paléolithique européen.

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La position géographique et le caractère géologique de deux grottes paléolithiques en Serbie sont presque identiques: elles sont situées toutes les deux dans une régions de petites collines surplombant des ruisseaux d'une vingtaine de mètres. La structure géologique des rochers dans lesquels se sont formées leurs cavités souligne l'époque de la craie. Elles sont remplies l'une et l'autre d'éboulis calcaires, de dépôts que les eaux intérieures ont accumulés sur une épaisseur de 3 à 5 m environ. Le caractère de la stratification des couches n'indique pas de grandes oscillations ni de brusques changements climatologiques. Dans la structure de ces couches nous n'avons pas pu constater l'influence directe des grandes glaciations quaternaires de l'Europe centrale. Les seules traces d'importants mouvements fluviatiles – le lit d'un ruisseau creusé au fond de la grotte de Rissovatcha – sont antérieures à l'époque des gisements paléontologiques et archéologiques. Les variations pétrographiques, dues aux facteurs subaëriens, sur les murs et le plafond de deux grottes, se sont produites probablement à l'époque postérieure au Diluvium. Concernant le climat les données géologiques de ces deux grottes indiquent une époque de grandes pluies et d'importants mouvements fluviatiles, qui y ont produit d'intenses alluvions. Parallèlement, le caractère paléontologique de leurs gisements suggère un climat qui ne devait pas être froid. Il semblait d'être plutôt chaud ou, au moins, tempéré, un Moustérien chaud, auquel appartient la civilisation de nos deux grottes, n'aurait pas été un cas exceptionnel, limité seulement à noire région. On a déjà constaté un tel Moustérien en Espagne, à Grimaldi, ainsi qu'à un certain nombre des stations moustérien de l'Europe occidentale et centrale (Villefranche sur Saône, la Roche au Loup, Taubach et, probablement, dans sa phase plus ancienne, Krapina en Croatie).

De ce qui est la formation géologique de deux grottes elle est purement crétacéenne. Nous verrons un peu plus loin les caractéristiques détaillées de la stratification géologique, paléontologique et archéologique de Risovaca qui nous a fourni d'informations intéressantes et instructives, permettant la reconstruction de différentes processus qui ont déterminé tous les aspects de là vie de cette grotte. Pour le moment nous voudrions souligner le fait que l'image des rapports géologiques dans la grotte de Jerina, où nous avons fait les premières foilles et recherches du paléolithique en Serbie en 1951-1952, ne sont réduits qu'à quelques vestiges tres limités d'une stratification diluvienne. Quoique importante par la découverte d'une industrie moustérienne typique, la grotte de Gradac, ou plutôt ce qui est resté de sa cavea, est ires peu instructive au point de vue de sa formation géologique. Mais les résultais optenus grâce à l'exploration de toutes les deux grottes ont confirmé, par les sortes, le caractère et la qualité du matériel paléontologique et de l'inventaire archéologique, les hypothèses les plus récentes sur certains traits spécifiques du paléolithique balkanique. Bien que l'étude du matériel découvert n'en soit à sa phase finale, on aperçoit d'ores et déjà les éléments des déductions qui nous permettront d'établir assez clairement les rapports entre les civilisations paléolithique des Balkans, surtour de la Serbie, et le complexe géoculturel carpato-esteuropéen, d'une part, et le complexe alpin et ouest-européen, d'autre pari. Pour aboutir à cet objectif nous essayerons d'éclaircir ces questions à l'aide et à la base des informations et des données pratiques et théoriques provenant des fouiles dans la grotte de Risovaca.

Les résultais des fuilles effectuées dans cette grotte à partir de l'année 1954 – l'an initial de nos recherches – jusqu'à l'année 1961, ont démontré que dans la formation de la caverne on peut distinguer deux phases nettement séparées: la première phase, plus ancienne, au cours de laquelle il n'y avait pas de traces de la présence de l'homme et de sa vie dans cette grotte et la seconde, plus récente, qui appartient aux périodes de séjour de l'être humain dans cette station des chasseurs paléolithiques.

La première phase est indiquée par les niveaux inférieurs de la caverne et par le lit du courand d'eau qui, en pénétrant de la profondeur de la caverne, avait entamé la compacité des masses de calcaires crétacéens et de cette façon avait ouvert l'accès à l'influence de l'air et des autres facteurs qui avaient causé au cours des périodes quaternaires la formation de la cavité de la caverne et de son contenu et caractère géopaléontologique et archéologique. La limite supérieure de cette phase est indiquée par la couche de brèche, dont l'épaisseur varie de 0,10 à 0,20 m aux couches partiellement dérangées, à travers lesquelles le matériel situé audessus de la brèche a pu pénétrer jusqu'aux couches au-dessous de celle-ci. Les parois de la roche datant de cette phase sont complètement lisses, ce qui indique, d'un côté, l'abondance d'eau, et, par conséquent, l'influence insignifiante des autres facteurs qui auraient produit la destruction plus rapide de la masse calcaire, de l'autre.

La seconde phase, plus récente, est caractérisée, outre autres qualités des strata, aussi par les processus résultant de l'action des facteurs climatiques, biologiques et autres sur la décomposition des roches. La caractéristique géologique de cette phase est représentée par deux moments, à savoir: par la friabilité et consistance relativement faible de la masse de roches formant les parois de la caverne, entrecoupés de nombreuses fissures par lesquelles le matériel de la surface pénétrait dans l'intérieur de la caverne. En second lieu, comme irait spécifique de cette phase on peut souligner la régularité et continuité se manifestant dans la formation des couches qui se succèdent dans un certain ordre, sans traces de dislocations plus importantes, à partir de l'entrée de la caverne jusqu'à 40 m de l'entrée, distance à laquelle on a abouti au cours des fouilles actuelles.

Outre l'analyse géologique, granulométrique, chimique et de pollen, les observations directes faites au cours du travail ont démontré par les matériaux géologiques et paléontologiques que la formation des couches se faisait sous l'influence et en dépendance des oscillations climatiques plus ou moins prononcées. Un de ces phénomènes, qui exige une analyse et une explication plus complète, est démontré aussi par la couche sédimentée, observée au niveau XV-XVI-ème de la couche d'excavation. Sa formation appartient à l'époque du refroidissement brusque qui est indiqué par le changement de la faune dans les périodes qui suivirent ce refroidissement. Il est possible que la couche de ce coglomérat, formé au cours du changement climatobiologique, désigne dans cette région balkanique la période Würm I, tandis que la couche de la brèche, découverte au niveau des XIX-XX-ème couches d'excavations, indique la fin de l'époque de Riss, pendant laquelle l'homme n'avait pas encore vécu dans cette caverne, de la même façon qu'il n'apparaît dans cette station ni à l'époque interglaciaire de Riss-Würm.

Outre la couche de sédimentation, les oscillations climatiques dans la stratification de Risovaca sa manifestent aussi par d'autres phénomènes. Ce sont de gros blocs de roches, qui se sont séparés du plafond de la caverne sous les conditions climatiques tout à fait spéciales; on y trouve aussi des couches des cailloux polis qui alternent avec les couches de terre claire, grise ou brune, et, enfin, comme ires typiques, ce sont les couches de gros cailloutis.

Toute somme, nous sommes tout très de la conclusion que la façon dont furent formés les dépôs occumulés dans la grotte de Risovaca ne décèle guère d'oscillations importantes ni de changements climatologiques bruques dans une époque qui correspond à celle du séjour de l'homme dans cette station. Le lit d'un ruisseau, creusé au fond de la grotte, est la seule trace des grands mouvements fluviaux qui s'étaient déroulés dans son intérieur. Le raport de cette formation à l'égard des stratums qui ont conservé des traces du séjour de l'homme indique que ces processus avaient précédé la transformation de cette grotte en station de chasse des homues, primitifs. D'autre part, les variations pétrographiques formées sur le plafond et les murs à l'issue du séjour de l'homme dans la grotte peuvent être attribuées aux facteurs de refroidissement, survenus dans les périodes supérieures du Diluvium.

Compte tenu des données géologico-pétrographiques, d'une part, indiquant la façon dont fut formée cette grotte, et de sa faune, d'autre part, l'hypothèse pourrait être dégagée concernant un climat relativement modéré de la région en question. L'hypothèse selon laquelle l'influence directe du climat méditerranéen chaud et doux pénétrait de temps en temps dans ces régions, est inadmissible. L'air humide du nord et le climat chaud du sud ont favorisé dans cette région le développement d'une faune riche et variée, représentée en abondance par de nombreuses espèces et individus, qui se sont maintenus pendant long temps dans les grottes de Serbie. Il s'agit au premier chef de la faune chaude du Paléolithique moyen, s'est-à-dire de l'interstadial Würm I-II.

En ce qui concerne la faune pléistocène de deux grottes en Serbie elle y est presque identique. Parmi les grands mammifères Ursus sp. est représenté dans le plus grand nombre et ont recontre ses fossiles dans toutes les couches de Risovaca, à partir de la croute calcaire, recouvrant le lit inférieur primitif du ruisseau, dont on a parlé, jusqu'à la limite supérieure du dépôt diluvial. A en juger par le nombre des restes de crânes, de mandibules, de dénis et d'autre os, le chiffre des individus ursides s'y montait à plusieurs dizaines.

Quant aux grands carnivores, on a pu constater avec certitude dans les deux grottes Pantera sp., Hyaena sp. ainsi que Canis vulpes. Pour ce qui est des fossiles d'herbivores on a découvert Elephas prim., Cervus elaphus, Megaceros sp., Bos primig,. Bison sp., Equus (Asinus) hydruntinus et une variante spéciale d'Equus caballus d'une constitution extrêmement solide et dont la taille est considérablement supérieure à celle des spécimens connus de ce cheval. Un os. métapode indique églament la présence d'une espèce de Rhinocéros Dicerorhinus sp., découvert en Europe Occident aie et Centrale.

La Microphaune est représentée presque exclusivement par des rongeurs. La découverte d'une incisive typique d'un individu d'Arctomys marmotta et de Moustella est également caractéristique et sans aucun doute très instructive. En somme. Prof. I. Rakovec, qui a étudié et publié cette faune, a constaté dix-neuf espèces dans l'inventaire de Rissovatcha.

En ce qui concerne la position stratigraphique des espèces découvertes, les faits suivants ont été établis: dans la grotte de Risovaca les couches les plus basses dans le lit inférieur primitif du ruisseau au-dessous de la croûte calcaire qui constitue actuellement le fond de la grotte, sont en sens macroscopique, absolument stérile. Dans les couches d'argile pure, de couleur brune foncée, dont la stratification avait précédé l'apparition de la vie dans cette grotte, que nous avons constatées au-dessus de la croûte calcaire, apparaissent d'abord de bovidés, d'équidés et de cervidés. C'est au-dessus de cette zone que commencent les couches contenant des fossiles d'ursidés, ensuite d'autres carnivores et de mamouthes tandis que les fossiles d'autres herbivores sont beaucoup plus rares. Et c'est justement à cette zône qu'appartiennent les horizons de la vie de l'homme dans cette station.

Dans la grotte de Jerina les rapports stratigraphiques rappellent dans la plus grande mesure de ceux de Risovaca, quoique ils sont réduits seulement aux restes des stratums.

En analysant les stratifications géologico-pétrographiques et paléontologiques du matériel dans ces grottes, on peut turer la conclusion que la formation de leurs strates appartiennent en grande partie à l'époque des périodes pluviales et des mouvements fluviaux qui ont laissé d'importants dépôts du matériel géologique, paléontologique et culturel.

Une bonne partie de l'inventaire fossile indique un climat plis doux, sinon plus chaud, au moins modéré. C'est un phénomène déjà constaté dans les régions géographiques semblables, notamment dans les pays méditerranéens. Les éludes préliminaires de l'ensemble de ces relations permettent de supposer que la vie de l'homme dans les deux stations de Serbie appartenait, en majeure partie, aux stades transitoires entre la période shaude et une période d'un climat plus frais, sinon plus froid. C'est une phase géologico-climatique qui correspond en Europe centrale approximativement à l'interstade Würm I-II, dans le système chronologique classique du Diluvium europée. Dans son article Moustérien Cultures in France" F. Bordes apprécie, pour la France, la division de la dernière période géologique du Pléistocène des quatre phases: Würm I, II, III et IV. En France et vraisemblablement en Espagne Würm I – Würm II correspond au Würm 1 de l'Europe centrale. C'est justement l'époque des civilisations moustériennes, auxquelles appartiennent aussi l'inventaire culturel de deux stations diluviales de la Serbie. Ayant en vue la présance dans ces stations" de certains types de l'industrie paléolithique avec les traditions des outils ábifaces, comme ce sont les deux pointes foliacées, nous croyons que cette époque était plus proche de la fin que du milieu de cet interstade.

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La vie et la présence de l'homme dans les deux grottes de la Serbie sont confirmées par les documents de diverses espèces. Ils indiquent non seulement le séjour de l'homme dans ces deux stations, mais aussi décèlent nettement son activité et la base économique de son existence.

Dans les deux couloirs de la grotte de Jerina deux foyers ont été découverts avec des restes d'os fossiles. Outre une quantité assez grande de cendre, des restes de bois carbonisé ont également été trouvés. – Bien que la présence d'hommes diluviaux dans la grotte de Risovaca soit confirmée par de nombreux outils typiques, trouvés dans les divers straies de la grotte, les vestiges de foyers n'ont pu y être constatés avec certitude. Leur place se trouvait peut-être, comme dans de nombreux autres ces semblables, à l'entrée de la grotte qui avait été détrute avant les premières explorations archéologiques.

Par leurs caractéristiques géo-paléontologiques et archéologiques les deux grottes de la Serbie appartiennent en tant que stations de chasseurs quaternaires au paléolithique moyen. Les outils à formes typiques représentent les traits saillants de l'industrie moustérienne. Dans leur inventaire mobile nous pouvions différencier des pointes triangulaires, des grattoirs disques, racloirs et pointes doubles, dont la forme presque déitoide ou en feuille de laurier est proche des types semblables de la période Moustérien VI de La Quina. En plus, des pointes typiques de ces formes, représentées dans la grotte de Risovaca par deux exemplaires, constituent des outils d'intérêt scientifique tout particulier. Goury avait appelé ces types "pointes hémisolutréennes" avec les éléments essentiels du traitement "à bifaces", tandis que les archéologues allemands les désignent comme "pointes praesolutréennes". A leur avis la différence fondamentale entre les variétés praesolutréennes consistent dans l'absence de l'industrie en os dans la période que l'on appelle généralement Praesolutréen. Dans notre cas la situation est beaucoup plus compliquée: les pièces en silex indiquent les types d'outils d'une phase évoluée, peutêtre la phase finale de l'époque moustérienne, tandis que la découverte de quelques spécimens d'outils en os dont les formes ne sauraient nullement être attachées à l'effet aecidentel des facteurs mécaniques ou autres, est en faxeur de l'hypothèse selon laquelle la civilisation de cas deux grottes deterait du début du Paléolithique supérieur.Cependant, la position stratigraphique de ces outils en os, qui indiquent une "protolithische Konchenkultur", les rattachent au Moustérien balkano-danubien. En principe, on pourrait placer ce Moustérien en sens spatial dans le vaste complexe géo-culturel de l'Europe est, comprenant les pays du bassin karpato-danubien. Pour avoir une définition plus générale de cet aspect culturel, on pourrait employer dans ce cas également le terme de civilisation des chasseurs de grottes" ("Hölenbärenjäger Kultur"), liée, d'après L. Zotz, en Allemagne centrale, au Praesolutréen, en Moravie et Silésie au Préaurignacien, tandis qu'en Slovénie, en Yougoslavie, cette phase dure jusqu'à l'apparition de l'Aurignacien évolué. En tout cas les faciès moustériens de Risovaca, démontrant de différentes affinités pour le Moustérien alpin, d'un côté, et pour les variétés szeletiennes du domaine karpato-danubien, parlent en faveur de la thèse récente de F. Bordes, relative au Moustérien: "Le Moustérien représente un complexe des groupes culturels, dont les uns sont très proches les uns des autres, tandis que parmi les autres groupes les rapports sont moins proches ou sont ils d'origine toute différente".

Pour confectionner des outils en os, traités généralement comme une sorte de pointe ("Handknochenspitz") les chasseurs diluviaux de Risovaca et de Jerina avaient utilisé des fémurs et des humérus des grands herbivores. En outre, dans la grotte de Jerina un "bouton" typique en os a été trouvé. Certains outils en os, tels que les pointes et un poinçon poli, ont pu servir pour traiter les peaux. Nous sommes obligés de mettre en relief un outil en os tout particulier, probablement unique jusqu'à maintenant dans l'inventaire culturel des civilisations paléolithiques en Yougoslavie et, d'après notre connaissance, dans le Moustérien européen en général. C'est une pointe en os, trouvée dans la grotte de Risovaca. Elle est d'une forme tout à fait symétrique, coupée et polie intentionnellement et en accord avec sa fonction pratique. Sans pouvoir lui trouver une analogie directe, nous croyons que c'était une pointe de lance ou plutôt un poignard en os. Comme prototype de cette forme d'arme pouvaient être les types szélétiens en silex, assez connus et répandus dans tout le complexe du bassin karpato-danubien.

Une analyse plus détaillée de l'ensemble du matériel archéologique mis au jour dans les deux stations paléolithiques en question doit aider à élaircir de façon plus précise et plus complète les aspects des problèmes concernant leurs civilisations. On pourra alors préciser, avec plus de certitude et d'interprétations plus approfondues, la place du Paléolithique de Serbie dans la Préhistoire de l'Europe centrale, son rapport et ses affinités pour le Paléolithique de l'Europe centrale, particulièrement pour le Paléolithique alpin et, d'autre part, pour les divers faciès du Moustérien du bassin karpato-danubien, surtout ceux connus sous le terme du "Szélétien".

La présence et l'existence d'outils de ce type les couches d'habitation de Risovaca nous oblige de consacrer quelques lignes au problème du Szélétien dans le bassin cité ci-dessus. Ce problème est traité assez longuement et depuis longtemps par tout un nombre des spécialistes, à partir de l'abbé H. Breuil jusqu'à L. Vertes, F. Progek, W. Chmielewsky et J. Kozlowsky. Ils essayaient tous de trouver la solution de la principale question: d'où proviennent les faciès du Szélétien et quel est leurs rapports vis-à-vis les types des outils du Moustérien classique de l'Europe centrale et occidentale? – Sans prétention de pouvoir trouver la réponse définitive à ces questions, nous pourrions limiter, au moment donné, nos déductions aux constatations que les faciès du Szélétien représentent des bifaces toutes proches des pointes foliacées du Paléolithique supérieur, tandis que leur place stratigraphique se situe dans le Paléolithique moyen. En somme, le problème de l'origine du Szélétien et de la diaspore de ses porteurs est, probablement, très compliqué. Sa solution exige plus de certitude, plus de données et documents concrets, plus de composantes, générales et particulières, que celles dont nous disposons au moment actuel et au niveau de nos connaissances contemporaines. L'éclaircissement approfondu de ce problème implique plus de discussion scientifique, fondée non seulement sur les jugements et les convictions personnelles, dont la valeur est assez souvent très relative, quelque fois même sans tolérance, mais sur les analyses scrupuleuses et patientes des documents en question. A propos de ce problème qui n'est qu'un seul parmi beaucoup d'autres, on pourrait constater que même les termes spéciaux des faciès, des phases culturelles sinon des civilisations, déduits de noms des grottes ou des localités, deviennent de jour en jour plus nombreux. De cette façon l'unité de certaines civilisations et cultures se délabre, le domaine des déductions spéculatives devient de plus en plus large et la quantité théorique s'enrichit aux frais de la qualité critique.

Ces grandes et controverses proviennent, en effet, d'un profond hiatus qui existe dans l'archéologie quaternaire. Elles se rapportent cette fois au Szélétien, mais elles sont beaucoup plus nombreuses. Elles découvrent l'état d'une discipline ou plutôt ses insufisances en ce quui concernent les composantes ou mieux les éléments de certains problèmes, par exemple de l'origine des différentes civilisations ou de leurs divers faciès.

Comme discipline exacte l'archéologie préhistorique doit définir, éclaircir et interpréter les formes et fonctions des documents matériels que les hommes préhistoriques ont créés à l'usage pratique, rituel ou esthétique. – Mais, en même temps, dans la mesure encore plus grande et avec le plus grand intérêt scientifique l'archéologie préhistorique doit chercher à atteindre les lois qui ont déterminè, orienté et dirigé l'évolution de l'humanité, de sa culture matérielle et spirituelle. Ces lois ont la valeur et l'effet généraux, parce que elles proviennent de la même source. C'est l'être humain et tissu compliqué de son âme et de son esprit. La nature et substance de ces lois permettent que leurs hypoihases matérielles peuvent se manifester dans les formes et faciès variés mais dont les fonctions primaires dérivent de la même origine, c'est-à-dire de la même idée. Il est possible que les problème de la typologie archéologique peuvent trouver leurs solutions dans le substratum intellectuel de l'activité humaine plutôt que dans la méthode descriptive des formes de produits de l'homme.

Les restes des fossiles humains, découverts jusqu' à maintenant, se réduisent à une seule dent fossile, trouvée dans le grotte de Jerina. L'analyse de cette dent et sa détermination plus précise ont été effectuées par le Henri Vallois. Nous nous permettons d'y citer le texte qu'il nous a donné sur ce sujet, se limitant à sa conclusion:

"Au niveau de la troisième molaire, les caractères différentiels entre les Européen actuels, les hommes du Paléolithiques supérieur et les hommes de Nëandertal sont malheureusement peu prononocés;cette dent, chez tous, offrant des traces manifestées de réduction. Ces traces sont aussi visibles sur la dent de Jerina. Ses dimensions modérées et l'abscence de taurodontisme parlent cependant contre une attribution à l'homme de Nëandertal. On aurait là une dent d'Hommo Sapiens Fossilis, le beau développement des cuspides présente l'abscence de carie et l'existence de la lision en cure-déni, cont des caractères qui parlent en faveur de ce diagnostic. La radiographie montre d'ailleurs que la dént a subi une fossilisation marquée".

On voit nettement que la découverte de cette deut et sa détermination laissent ouvert la question des fossiles humains dans cette grotte de la Serbie.

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Tout ce qui vient d'être exposé en lignes et en données d'ordre général dans cet article fait ressortir que la Serbie a passé, dans l'évolution de ses civilisations préhistoriques, l'époque du Paléolithique moyen ainsi qu'elle a connu vraisemblablement les commencements des civilisations du Paléolithique supérieur. Les résultais des fouilles effectuées dans les deux grottes de ce pays montrent que ce paléolithique avait ses particularités qui le rapprochent du paléolithique des pays du grand bassin et complexe culturel karpato-danubien. En réalité, c'est une vaste région ayant des conditions climatiques et biologiques semblables, dont dépendait considérablement la vie et, de ce fait, la caractère et le contenu de civilisations des hommes quaternaires.

En conclusion de ces lignes se rapportant au Paléolithique de la Serbie, surtout celui de la Risovaca, nous sommes obligé de souligner le fait que cette grotte mérite une intérêt (oui particulier pour ces trois raisons:

1. – La superficie et la profondeur des ses couches dépassant 6m., ainsi que la quantité des matériaux diluviens découverts, surtout la documentation paléontologique, font de Risovaca une des plus riche et plus importante station paléolithique en Yougoslavie;

2. – Sa stratification et ses profils rendent possible et permettent l'observation et l'étude très détaillées et précises des phénomènes caractéristiques pour la détermination des processus climatiques, géologiques, paléontologiques et culturels.

3. – L'industrie lithique ainsi que l'ostéoindustrie de Risovaca indiquent le paléolithique qui réunit les caractéristiques du Moustérien typique, représenté par La Quina et ses types moustériens, et, à côté de cela, celles du Szélétien karpato-danubien.

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Nous avons laissé ouvert l'étude du problème de l'origine du Moustérien dans la région balkano-danubien, à laquelle appartiennent les deux stations paléolithique de la Serbie. Il est clair que ce problème est beaucoup plus compliqué qu'on l'a traité jusqu'à présent. Il nous semble qu'il nous faut rendre compte, en le discutant, de deux moments essentiels: c'est, d'un côté, la question de l'autre côté, c'est la problème du Moustérien typique aux faciès sans ces traditions. Les caractéristiques particulières du Moustérien balkano-danubien, ou plutôt karpato-danubien, sont doubles: d'un côté, on peut constater une évolution normale du Moustérien vers l'Aurignacien; de l'autre côté, ce sont les types des pointes foliacées qui se rapprochent du Solutréen. La présence des formes du premier groupe suggère l'idée sur les affinités entre ces documents archéologiques et les types semblables de l'Europe centrale et occidentale. – D'autre part, les types szélétiens décèllent la possibilité sur l'origine orientale des steppe russes des outils de forme en question. La vérité et la solution de ce problème, existant et évident en Europe est ainsi qu'en Europe occidentale, se trouvent, vraisemblablement, entre ces deux vastes régions, or quelque part dans le grand bassin entre les Alpes, les Carpates et le Danube. Il est clair que ces hypothèses et leurs combinaisons n'épuisent pas jusqu'au bout le problème posé et que pour sa solution il faut disposer des données plus complètes et de plus nombreuses stations que celles que nous connaissons.


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