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TIA Janus

Zoran Stefanovic

La légende de l'oeuf cosmique

(Patchwork – mélodrame)

 

Beckett impuissant
fraudé par Stefanovic

Action première:
TROU NOIRE

(Obscurité. L'Univers bat au pulse qui ressemble à la circulation du sang ou au pouls maternel. Dans des éclairs temporaires de l'étoile qui s'éteint on aperçoit de corps contractés dans la position fétale, le dos appuyé l'un à l'aure. Ces êtres sont androgynes, leurs visages ridés par l'amas des années. Aux corps nus à demi sont sernées lichen et mousse. Des parasites végétaux couvrent leurs visages et lient leurs os vértébraux, format d'eux des jumeaux siamois. Il paraît que ces êtres sont morts.

La pulsation de l'Univers est de plus en plus forte. Soudain, le Premier commence de respirer tout bas en accord avec le pouls monstrueux. De l'off, on entend sa voix calme et sombre.)

LE PREMIER (de l'off): Ai-je dormi tandis que d'autres souffraient?

(D'une voix faible, le Premier arrive à peine de prononcer la proposition.)

LE PREMIER: Ai-je dormi tandis que d'autres souffraient?

(Il étouffe d'effort en prononceant. Le Second sursaute comme s'il a entendu quilque chose.)

LE PREMIER (de l'off); Est-ce-que j'y dors encore?

LE PREMIER: Est-ce-que j'y dors encore?

(Le Second sursaute. Le Premier sourit doucement.)

LE PREMIER (de l'off): (Très satisfait.) Demain, en me réveillant, ou en pensant que je me suis réveillé, que dirais-je du jour présent?

LE PREMIER: (D'un ton d'enfant ou sénile.)
Dans la cuisine entra le chien
Et vola un bout de pain.
Le cuisinier perdit la tête à ça
Et le chien, mort, tomba!

(Il étouffe. Fatigué, il essaie de reprendre le souffle.)

LE PREMIER (de l'off): Dans la cuisine entra le chien.. Et vola un bout de pain...

LE PREMIER: Ah, qu'on s'amuse...

(Le Second aussi commence de respirer en accord avec le pouls cosmique. Le Premier dresse les oreilles. La respiration du Second est plus vite et difficile, sa transforme en gémissement.)

LE PREMIER: Cesse de gémir!

(Le Second ne s'arrête pas. Le Premier mouve son doigt d'un effort extrême, ses muscles se contractent et il arrive de bouger sa main tremblante jusqu' au visage et de râper le parasite végétal des yeux. Il regarda par-dessus l'épaule son ami qui ne cesse pas de gémir. Les yeux du Premier clignottent, inhabitués de voir.)

LE PREMIER: J'en ai assez de ta plainte.

(Le Premier mouve sa main jusq'au visage de son ami et, lentement, commence de l'étrangler. Celui se débat. Le Premier sourit, puis le laisse.)

LE PREMIER: Puce-pudique...

(Le Second cherche de reprendre le souffle, enfin arrive de prononcer.)

LE SECOND: Au secour...

(Le Premier est surpris d'avoir entendu sa voix.)

LE PREMIER: Voyons... Je suit là... N'ai pas peur.

(Le Second tendit les oreilles. Calmé, il hoche de la tête.)

LE SECOND: J'ai froid... Je tombais...

LE PREMIER: S'est passé, passé.

LE SECOND: On est pas liés, j'éspère.

(Le Premier commence de s'agiter en assayant de se sortir d'embarras, mais n'arrive pas. Le Second marmotte à sa barbe, très effaré. Le Premier enlève attentivement l'herbe qui lie leurs colonnes vertébrales. Encore un effort et il commence de contrôler son torse.

Il essaie ses mucles. Essaie de se lever, mais n'arrive pas. Le Second, en panique, arrive de mouver ses mains tâtant en vide.)

LE SECOND: Ou sommes-nous?

(Le Premier arrive de se lever en vacillant.)

LE PREMIER: Réfléchis, commodément.

(Le Second réfléchit.)

LE SECOND: Alors, aux mains et à genoux...

(Le Premier réanime les muscles des jambes et sourit ironiquement vers son ami.)

LE PREMIER: Sommes-nous tombés si bas?

(Le Second, en panique, essaie de l'atteindre des doigts. Le Premier s'apitoil etattentivement anlève la mousse des yeux de son ami qui hurle. Habitué enfin à la lumière, il regarde le Premier et alors s'écrice bestialement. Le Premier l'embrasse.)

LE SECOND: Tu m'ass effrayé!

(Le Premier sourit et le chrache. Ilcontinue alors de se débarrasser des parasites. Le Second réfléchit et puis frémit d'un froid interne.)

LE SECOND: Je tombais... J'étais au sommet d'une...

LE PREMIER: Ne me raconte pas! Alonos chasser ça en nous promenant.

(Il prend le Second par le bras et essaye de le forcer de le lever. Le Second retombe par terre, comme un tronc, et réprimanda hystériquement au Premier.)

LE SECOND: Assez! Je me suis fatigué!

LE PREMIER: Aimes-tu mieux se pétrifier là et ne faire rien?

LE SECOND: Oui.

LE PREMIER: Comme tu veux.

LE SECOND: Oui.

LE PREMIER:Je vais te laisser.

(Le Premier se réanime un peu, puis part lentement vers l'obscurité, attendant que le Second l'arrête. Celui se tait. Mais, au dernier moment, juste avant que le Premier entre dans l'obscrurité, le Second s'écrie.)

LE SECOND: Nooon!!!

(Le Premiere reviens satisfait.)

LE SECOND: Embrasse-moi. (Pause). Tu ne veux pas m'embrasser?

LE PREMIER: Non.

LE SECOND: Au front?

(Le Premier enlève la mousse du visage, avec l'expression du dégout.)

LE PREMIER Je ne veux t'embrasser nulle part.

(Le Second lui tends la main.)

LE SECOND: Donne-moi la main au moins. (Pause.) Tu ne veux pas me donner la main?

LE PREMIER: Je ne veux même pas te toucher.

LE SECOND: Alors ja vais te quitter!

(Le Premier le regarde avec pitié. Le Second s'efforce de se lever debout, très résolument. Le Premier se réanime et regarde son ami qui se débat. Alors il le dressa résolument debout. Le Second, instabile, maintiens l'équilibre. Son visage brille.)

LE SECOND: Oh! Ça fait mieux maintenant.

(La premier le regarde, caresse doucement ses chevaux, puis attrape son nez. Le Second s'arracha. Le Premier sourit et respira l'air de pleins poumons.)

LE PREMIER: Allons.

(Le Second se tiens par le nez douloureux.)

LE SECOND: Déjà?

LE PREMIER: Un moment, s'il te plait.

(La Premier se retourne, regarde alors leur nudité, puis, encore plus laborieusement, continue de chercher quilque chose. Avec un peu d'imagination on pourrait lui attribuer le gendre masculin, et au Second le féminin.

Le Second s'amuse enlevant l'herbe du visage. De l'obscurité sort le Premier avec deux paires de smokings serrés et deux melons. Le Second le regarde interrogativement, le Premier hausse les épaules. Pour un moment ils examinent les habits et puis se renversent synchronisement au sol.)

LE PREMIER: Ja me suis fatigué.

LE SECOND: Moi aussi.

(D'un air absent ils regardent au loin. De Premier, très concentré, cure le nez. Alors le Second aussi commence de faire la même chose. La Premier cesse, commence de currer l'oreille d'air absent. Le Second aussi répéte d'air absent. Le Premier se renvoil légérement. Le Second répéte, puis se consterne.)

LE SECOND: (Affectivement.) Singe!

LE PREMIER: (Brutalement.) Cochon chicanier!

(Le Second lève la main pour le frapper, mais sa main tombe sans force. Le Premier, joyeux, profite du moment et essaie de le frapper du pied, mais n'arrive pas de le lever. Etouffés, ils se calment de nouveau. Avec chargin, ils regardent au loin. Tous les deux se tournent en même temps, paisiblement.)

LE SECOND/LE PREMIER: As-tu...

LE PREMIER: Oh, pardon!

LE SECOND: Continue.

LE PREMIER: Non, non, toi d'abord.

LE SECOND: Non, non, toi d'abord.

LE PREMIER: C'est moi qui t'ai coupé la parole.

LE SECOND: Au contraire.

(Ils se regardent enrougis.)

LE SECOND: (Hurle.) Singe banal!

LE PREMIER:Cochon chicanier!

(Ils se confrontent troublés, puis éclatent de rire.)

LE SECOND: Hi-hi-singe-hi-hi-banal.

LE PREMIER: He-he-cochon... He-he-chicanier.

LE SECOND: Hi-hi-singe... Oooh-hi-hi-si-inge!

(Il pleure de rire. Le Premier deviens sérieux, puis lui frappa une gifle très forte. Le Second, devenu sérieux aussi, lui répondit de la même manière.)

LE SECOND: Sin...

LE PREMIER: Coch...

(Tout d'un coup, ils saisissent qu'ils ont réussi de bouger ses extrémités. Ils sautent debout dans l'éruption de joie. Ils dansent un jeu d'enfants. Habillent les vêtements un à l'autre. Fouillent les poches et y trovent de la bagatelle. Le Second retrouve un carmin et un morceau de la glace. Maladroit, il arrive de maquiller les lêvres et deviens La Seconde. Le Premier retrouve dans sa poche les faux-moustaches et un tompus. Attentivement, il cole les moustaches. Satisfait, il montre le tompus à la Seconde. Elle cligne de tête en se rappelant. Il cherche des allumettes sans résultat. Alors il "se fait" d'allumer son tompus et de jouire des ronds de fumée qu'il "produit". La Seconde se regarde dans la glace satisfaite. Elle a endui le carmin par tout le menton. Elle chantonne une valse. Les yeux fermés, elle se rappelle. Lentement, elle commence de se tourner dans le rhytme, maladroite, mais ferme.)

LA SECONDE: Mon premier bal! (Longue pause.) Mon second bal! (Longue pause, elle ferme les yeux). Mon premier baiser!

(Elle claque un baiser. Le Premier sortit un journal de sa poche, se fait de ne pas l'écouter. Elle ouvre les yeux mécontente.)

LA SECONDE: Mon premier baiser! C'était un certain monsieur Johnston, ou Johnstin, ou peut-être je pourrais l'appeler Johnstin. Des moutstaches bien hérissées, très rousses. (avec estime.) Presque comme le gingembre. (Pause). Dans un dépot, quoique je n'ai aucune idée de qui. Nous n'avons pas de dépot, et lui non plus, certainement, n'evait pas un. (Elle ferme les yeux). Je vois un tas de cruches et des sornettes. (Pause). Et des ombres de plus en plus profondes parmi les poutres.

(La Seconde pleure. Le Premier se fait de lire le journal et de ne pas l'écouter. Il n'arrive pas de retenir des larmes, lui aussi. Elle vide le nez fortement dans la manche de son vesston, et puis, de la maniêre douce d'une dame, retire une méche de cheveux du front. Le Premier continue de renifler discrétement. Alors, décidé de briser le silence désagréable, lit le journal d'une voix forte.)

LA PREMIER: Bal à la cour pour la jeunesse exquise!

LA SECONDE: Bal à la cour?

(elle serra sa poitrine, comme s'il lui manque du souffle. Ils se retournent comme s'ils viennent de saisir ou se trouvent. Elle nou tombe dans les bras, paniquement. Le vent commence de souffler. Ils se serrent l'un contre l'autre. Le vent les berce doucement. Il se mélange avec une kitschcopie de la musique catolique religieuse. Le Premier purge sa gorge, essail de suivre la mélodie, mais faussea.)

LA SECONDE: (A voix basse.) Parfois j'entends des sons. (Elle écoute. D'une voix normale.) Mais pas si fréquents. (Pause.) Ils sont une bénédiction, les sons sont la bénédiction du Dieu ils m'aident... De renverser le jour... Par la tête.

(sourire.)

LA SECONDE (de l'off): Vieux style!

(Le sourire disparaisse.)

LA SECONDE: Oui, ce sont les jours de joie quand il y a des sons.

(Tout à coup, le silence muet. La Seconde ne prête pas l'attention, mais le Premier est affart vraiment par le soudain silence.)

LA SECONDE (de l'off): Quand j'entends des sons...

LA SECONDE: (Avec confidence). Je pensais... (Pause.) Je dis, je pensais qu'ils sont dans me tête. (Sourire). Mais non. (Sourire plus large.) C'était la pure logique...

LE PREMIER: (Consolé). C'était la pure logique...

LA SECONDE (de l'off): Je n'ai pas perdue la raison.

LA SECONDE: Pas complète. (Pause). Quelque chose est resté...

(Le Premier se sépare déelle effrayé. Elle le tient d'un serrement mortel convulsif. Il se débat.)

LA SECONDE: Quelque chose comme un petit déchirage, un petit... lacerage. (Pause. Tout bas.) C'est des objets! (Pause. D'une voix normale.) Dans le sac, hors du sac.

(Le Premier se débat encore convulsivement. Son grippe est comme d'acier.)

LA SECONDE (de l'off): Parfois j'entends des sons, sonnette...

LA SECONDE: Parfois j'entends des sons, sonnette... Combien... (Pause.) Combien de fois je me suis dis: ne prête pas l'attention à ça, ignore la sonnette, laisse-la, dors seulement et réveilletoi...

(Le Premier de s'arracher de son grippe fou. Hystériquement et enpaniqué il la bat pour qu'elle se tait. La Seconde tombe sur terre, mais continue de parler se faisant de ne pas l'appercevoir.)

LE PREMIER: Tais-toi! Tais-toi! Tais-toi!

LA SECONDE: ...à partir du sein même, ou la vie commençait, la petite Mildred a des souvenirs et elle va...

(Le Premier s'es fatigué de la battre, étendu sur elle, haletant.)

LA SECONDE:... avoir des souvenirs, elle se souviendra du sein avant de mourir, du sein maternel. (Pause.) Maintenant elle a questre ans, ou cinq déjà,et récemment on lui a donné une grande poupée de cire. Habillée complètement...

(Le Premier essai de reprendre le souffle. La Seonce est étendue au dos, murmurant comme dans le transe. Sa voix est satisfaite, de plus en plus calme. Jusque qu'elle devient tout à fait incompréhensible.)

LA SECONDE: Et les yeux... Planent là-bas ou il parraît qu'ils vont se fermer en paix... De regarder... Dans la paix de l'âme.

LE PREMIER: La paix... De l'âme?

LA SECONDE: Pas la mienne.

LE PREMIER: Non?

LA SECONDE: Pas maintenant.

(Dans un court moment ils restent calmes, laissant que l'anticlimaxe les reprends. Alors la Seconde se lève vacillant légèrement au vent qui a commencé de nouveau. Elle sourit légèrement, comme une fillette qui s'excuse. Ses mouvements sont doux, spontanés. Grâcieusement, elle essaie de régler sa robe froissée. Elle tâte avec soin les places ou était frappée. Elle fait alors une pirouette. Le Premier lève son regard ensanglanté, la regarde. Elle l'aide joyau sement de se lever, le frotte de la poussière. Son pantalon lui tombe.)

LA SECONDE: Dommage que nous n'avons pas uen corde.

(Il la regarde avec condoléance.)

LE PREMIER: Aloons-nous-en. Il commence d'âtre froid.

LA SEONDE: Rappelle-moi que j'apporte demain une corde.

(Il la tire par le bras, impatient, comme s'il a affaire avec une folle.)

LE PREMIER: Oui, oui. Allons.

(Il la tire, elle ralentisse naîvement.)

LA SECONDE: Combien de temps sommes-nous déjà ensemble, toi et moi?

LE PREMIER: Je ne le sais pas. Cinquante années peut-être.

LA SECONDE: Te souviens-tu du jour quand j'ai sauté dans la rivière?

LE PREMIER: Je me souviens. Nous avions ceuilli le raisin.

(Elle s'en souviens satisfaite. Lui avec répugnance.)

LA SECONDE: Tu m'as tiré de l'eau avant de me noyer.

(Brasquement, le Premier la prit par les revers, énervé.)

LE PREMIER: Tout ça, c'est mort er enterré depuis longtemps déjà.

(Elle se tâte stupéfaite sur le visage et la rôbe pour voir si elle est réelle.)

LE PREMIER: Tout ça, c'est mort et enterré depuis longtemps déjà.

LA SECONDE: Mort... Et enteré? (Elle s'en souvienne avec joie.) Ma rôbe s'est séchée au soleil!

LE PREMIER: Ce n'est pas beau s'en souvenir. Partons.

LA SECONDE: Ou? J'ai froid.

(Le Premier la repousse avec répugnance.)

LE PREMIER:Je me demands s'il ne sera pas mieux pour nous d'être seuls...

(Elle ne comprends pas.)

LE PREMIER: Je veux dire, de vivre chacun à son compte.

(Il s'en va seul vers l'obscurité. Elle ne le retiens pas.)

LE PREMIER: Nous ne sommes pas faits pour la même route.

LA SECONDE: (Sans colère.) Ce n'est pas certain.

LA PREMIER: (Sarcastique.) Non, rien n'est certain.

LA SECONDE: On peut encore se séparer, si tu penses que c'est mieux.

(Sans se tourner et d'autres truques sentimentaux, le Premier s'en va. Elle, intriguée comme un gosse, regarde sprès lui.)

LA SECONDE: Il est quand-même déjà tard pour celà.

(Silence.)

LA SECONDE (de l0off): Oui, maintenant il est déjà trop tard.

(Silence.)

LA SECONDE: Alros, on y va?

LA SECONDE (de l'off): Oui, allons.

(Tous les muscles sur son corps frissonnent pour la mettre en marche, mais elle n'arrive pas de bouger. Kitsch-copie de la musique religieuse resonne doucement.

La respiration échappe a sa contrôle. L'obscurité.)

FIN DE L'ACTION PREMIERE


Action deuxieme:
CHAMBRE D' ACIER

(La Seconde est debout dans la même position. Cependant, à travers l'obscurité on aperçoit des murs d'acier de son hauteur qui l'empêchent de voir. A moments, ses muscles se rrappelent de leur intention, mais elle reste immobile. Soudain éclair pour le moment illumine le Premier qui est assis appuyé à un de ces murs, les genoux ramassés sous le menton, plongé dans ses pensées. Leurs vêtements se sont réduits. Il se tourne un peu et la regarde. Jette un légèr soupir.)

LE PREMIER: Ne crois-tu pas que ça dure déjà longtemps?

LA SECOND: Oui! (Pause.) Et qoui?

LE PREMIER: Cette... cette... Chose.

LA SECONDE: Je pensais toujours ainsi.

LE PREMIER: Je ne peux pas te quitter.

LA SECONDE: Je sais. Et tu ne peux non plus aller après moi.

(Pause.)

LA SECONDE: Comment je le saurais, si tu me quittes?

LA PREMIER: (Animé.) Tu n'as que de siffler au sifflet et, si je ne viens pas en courant, ça signifiera que je t'ai quitté.

(Pause.)

LA SECONDE: Vas-tu m'embrasser au départ?

LE PREMIER: Oh, je crois que non.

(Pause. Le Premier cure le nez.)

LE PREMIER: Mais tu pourras être, simplement, morte dans ta... Cuisine.

(Elle tapa sur ses murs avec joie, comme sur des pots.)

LA SECOND: Cuisine?!? (Sourire.) Les conséquences seront les mêmes...

LE PREMIER: Oui, mais comment je saurais que tu est simplement morte?

LA SECONDE: Euh... Avant ou après je commencerais de puer.

LE PREMIER: Maintenant déjà tu pues.

(Il aspire profondement.)

LE PREMIER: ça pue aux cadavres...

LA SECONDE: L'univers entier.

LE PREMIER: Qu'il va au Diable, l'univers. (Pause.) Invente quelque chose.

LA SECONDE: Quoi?

(Le Premier commence lentement et résolument de décomposer ses murs. Elle n'est pas très impressionnée. Il les recompose lentement ainsi qu'ils forment unechambre plus étroite. Puis il y entre, s'asseoit dans le coin et commence de la regarder à travers les genoux. Elle asssaie de bouger. Réussit. Elle est animée.)

LA SECONDE: Toi aussi tu dois être, au fond de l'âme, satisfait, si tu en est conscient.

LE PREMIER: Pourquoi?

LA SECONDE: Parce que tu as retourné et que tu es de nouveau avec moi.

(Il éructe. Avec intérêt il regarde son visage, mouillé du carmin et extrâmement tourmenté.)

LE PREMIER: Tu crois?

LA SECONDE: Dis-le, même si ce n'est pas vrai.

LE PREMIER: De dire quoi?

LA SECONDE: Dis, "Je suis satisfait. Et je suis heureux."

LE PREMIER: Je suis satisfait. Et je suis hereux.

(Il éructe.)

LA SECONDE: Moi aussi.

LE PREMIER: Moi aussi.

LA SECONDE: Nous sommes satisfaits. Et nous sommes heureux.

LE PREMIER: ...et nous sommes heureux.

(Il éructe. Il se frotte sous le brs et sur l'éstomac.)

LE PREMIER: Peut-être que ce n'est pas un de mes meilleurs jours, mais parlant sincèrement...

(Il la regarde, elle ne l'écoute pas.)

LA SECONDE: Oh!

LE PREMIER: Quoi?

LA SECONDE: Est-ce que nous commençons de... de... Signifier quelque chose?

LE PREMIER: Toi et moi? De signifier?

(Il hennit de rire, se lève et l'attire vers soi. Elle est encore concentrée à ses pensées.)

LA SECONDE: Je me demande... Imagine qu'un être rationnel nous renvoit sur la Terre – est-ce que dans sa tête pourront venir des idées s'il nous regarde assez longttemps? (De la voix d'un être rationnel.) "Ah, bon, je vois maintenant à quoi ils tentent."

(Le Premier sursaute mais quand-même commence de la baiser au cou. Elle remouve très attentivement la poussière de son veston. Ne l'empêche pas.)

LE PREMIER: (Avec ardeur.) Partons d'ici, nous deux! Allons su sud!

(Elle accepte lentement l'idée.)

LA SECONDE: Tu pourras construire un radeau...

LE PREMIER: ...et le courrant de la mer va nous emporter au loin, loin...

LA SECONDE: Jusqu'aux autres!

(Ils se regardent.)

ENSEMBLE: Aux autres?

(Regardent autour d'eaux effrayés. Examinent l'obscurité. Se regardent de nouveau. Ils s'embrassent désespérément. Se taisent. Il pose la main sur sa poitrine. Serre fermement. Elle sourit; puis se détache et courrut vers l'obscurité. Pourtant, il est beaucoup plus vite. Il l'abat par terre. Pause.

Elle sourit. Lui aussi. Elle mordit sa main. Il s'écrie, la frappe du dos de la main. Elle sourit. Il la frape de nouveau. Après son nouveau sourire il sourit aussi. Puis, d'uen folle ardeur, il commence de déchirer sa rôbe. Dès qu'il aperçut, à travers la jambe de son pantalon déchiré, l'herbe retenue il l'enlève. Examine le parasite avec un intérêt extrème. Par moments on entend ses sons non-articulés: entre le rire et les sanglots.

La Seconde tout ce temps attends avec patience. Il passe enfin le parasite dans sa poitrine et continue de déchirer sa rôbe. Elle ramasse, en règle parfait, les morceaux de sa rôre déchirée à non côté. Courte pause pour sa prière, il est troublé.

Copulation: ressemble plus à une pratique orientale choréografiée qu'à la prise de lutte. La musique religieuse resonne maintenant comme si le ribon ralentisse. Comme si le moment est glacé dans le temps.

L'étoile scientille.

Le repos après l'acte. Elle est allongée au dos examinant ses mains. Sa tête repose sur ses pieds. Elle est autoritative.)

LA SECONDE: Commence tout de suite de bricoler ce radeau. Demain je vais partir. Pour toujours.

LE PREMIER: (Rire.) Partir pour trojours?!?

LA SECONDE: Je vais embarquer toute seule!

LE PREMIER: (Gaiment.) Je commence tout de suite! (Inquiété.) Aura-t-il des réquins sur la route? Que penses-tu?

LA SECONDE: S'il y en a, alors il y en aura.

LE PREMIER: Ah, c'est de la veine!

(La Seconde hausse les épaules.)

LA SECONDE: Je ne sais pas.

(Son rire remplit l'espace. Elle serre ses haillons autour de soi. Rit avec lui. Obscurité. On peut encore entendre les échos du rire. Faible son, mais reconnaissable, s'y mêle: sa mauvaise copie de ses sons – quilque chose entre le rire et les sanglots.)

FIN DE L'ACTION DEUXIEME


Action troisieme:
LA COLLINE DANS L'UNIVERS

(Quiand les feuilles commencent de tomber, le Premier lève la tête et fixe son regard, sérieusement, au ciel nocturne. Leur chambre est démontée. Les murs d'acier reposent croisés autour d'eux, formant une Colilne-dans-l'Univers. La Seconde lie attentivement un foulard multicolore autour de la tête et tiens son melon, confuse, dans les mains.Pour la deuxième fois, leurs vêtements et chapeaux sont réduits et ressemblent maintenant aux répliques nefantines de la vrai rôbe.

Le Premier boutonne, satisfait, son veston. Il se regarde dans les plaques d'acier, tâtonne sa barbe de trois jours. Fronce un peu les sourcils. Rafraichi, is marche autour de la colline. Elle ne cesse pas de serrer son chapeau. Il ne lui porte pas attention. Essaie de rattraper la modalité de la voix du professeur, dont il a évidamment perdu l'habitude.)

LE PREMIER: Ayant en vue l'aspect exposé dans les travails édités de Puncher et Watman...

(Il est mécontent. Il change la valuer et l'hauteur de sa voix jusque qu'il n'atteind la modalité conventante.)

LE PREMIER: Ayant en vue l'aspect exposé dans les travails édités de Puncher et watman sur l'existence d'un seul Dieu, hors du temps et de l'espace, qui, des hauteurs de son appathie divien – de sa atambie divien – de sa aphasie divine nous aime avec de pettites exceptions d'ignorés....

(Pause. Il regarde vers elle pour verifier l'efficacité de son adresse de jadis. Elle ne réagit pas, fixée au vide, au loin. Mécontent, il continue.)

LE PREMIER: ...d'ignorés raisons! Mais! Le temps va montrer...

LA SECONDE: Les yeux...

LE PREMIER: ...et tomber comme la Mirande divine... (Pause.) Les yeux?!

LA SECONDE: ça va avec tes yeux?

(Il agite la main devant ses yeux.)

LE PREMIER: Mal.

LA SECONDE: Mais tu vois.

LE PREMIER: trout ce que je veux voir. (Il est impatient de procéder son discours.) Jetés à la torture! Jatés au feu dont les flammes...

LA SECONDE: Et tes jambes, ça va?

LE PREMIER: (Enervc.) Mal!

LA SECONDE: Mais tu pout marcher.

LE PREMIER: Je m+en vais – je reviens!

(Juste avant de continuer, elle commence lentement et scrieusement de le prcvenir.)

LA SECONDE: Un jour tu seras aaveugle, comme moi. Tu vas t'asseoir comme un brin dans le vide, dans l'obscuritc, comme moi.

(Silence absolu. Effrayc, il s'approche et agite la main devant ses yeux. Il s'ccrie, saisit qu'elle est aveugle. Elle sourit doucement. Lui, dctraquc, viens vis-à-vis d'elle et, d'un pas lcger-lourd, s'approche vers elle.)

LE PREMIER: Vois-tu apporocher quelque chose?

LA SECONDE: Qoui?

LE PREMIER: Vois-tu approcher quelque chose?

LA SECONDE: Non.

(Le premier sécoue ses cpaules.)

LE PREMIER: Vois-tu?

LA SECONDE:Tu n'as pas besoin de crier! (Conciliante.) Un jour tu te dis, "Je suis fatiguc, je vais m'asseoir"...

(Elle s'asseoit d'air fatigué.)

LA SECONDE: Alors tu vas t'asseoir.

(Il s'écrie d'une voix faible. Sa tête s'abaisse. Il courut pour la soutenir avant qu'elle tombe à travers ses genoux. En panique, il essai de la réveiller de sa somnolence meurtrière. Il lui donne un pair de gifles. Elle s'éveille.)

LA SECOND: Ah?!

LE PREMIER: Allons! Aloons! Allons!

(Il la force de marcher, brutalement, pour la revivre. Il l'attire par force d'un à l'autre bout de la coline. Ses fonctions se rcveillent, elle arrive de marcher toute seulemachinalement. A gauche-à droite, à gauche-à droite. Il s'ensouffle de ce vacarme et tombe épuisé. Elle continue de marcher, comme une zombie, mais très vivement. Ses yeux sont fermés, sa bouche salive. Son souffle n'existe pas il la regarde stupéfait. Tout d'un coup, son corps commence de ce contracter en marchant. Elle realentisse. Chaque muscle sur son corps commence de se secouer par des vibrations lourdes et douloureuses. Elle est tournée vers lui. Sur son visage dénaturé on peut lire – avec un effort épouvantable, muet – l'indication d'un soulagement proche, même d'un plaisir. La mort orgastique. Elle tombe, d'un tremblement pénible, aux genoux. Dans l'effort infini elle arrive d'ouvrir les yeux et de regarder le Premir qui est complétement affrolé. Elle le fixe pendant un moment infini.)

LA SECONDE: Vie-viens que je t'embrasse....

(Elle tend ses bras vers lui. Elle a l'air de se lever. Le premier se retire en panique.)

LE PREMIER: Ne me touche pas!!!

(Le Pemier s'écrie. La Seconde sourit légèrement. D'une force inouîe, ses poumons poussent un cri, plus guerriervainqueur, que d'angoisse. Elle tombe en avant, enfonçant son visage en larmes dans l'herbe. Elle est morte de nouveau.

Longue pause. Incapable de le croire, le Premier est à genoux, arrache lentement l'herbe et s'en frotte le visage assayant de se rafraîchir. Il osa de se lever et de s'approcher d'elle. Avec uen concentration folle il écoute son coeur, son poulse, essaie de lui masser la poitrine, lève ses bras, essaie de lui réanimer la réspiration. Ses mouvements sont de plus en plus vites. Il commence même un peu de pleurnicher et de crienter. Il porte son corps, force-la à l'action. Il est persistant et de plus en plus sonore.)

LE PREMIER: Allons! Aloons! Allons!

(Il lamente. Il donne un tacte enroué à ses efforts, comme si ça va la réanimer. Puis il s'arrête, change d'avis. Regarde les plats d'acier. Désespérément, il tire par le bras les spéctateurs, le public.)

LE PREMIER: Allons! Allons! Allons!

(Quand il voit que personne ne l'aide, il lève tout seul les plata d'acier et essaie de construire une sorte d'abris. ça ne se passe pas sans problèmes. De nouveau il essai de persauder le public. Convaincu que tout est en vain, il se donne au travail tout seul – plus acharné encore. Dans l'abri fait il entraîne son corps et s'accroupit sur elle l'embrassant, comme s'il a peur qu'il ne se mouille pas par la pluie de feuilles qui tombent. Sa lamentation et ses cris, sa façon de battre le facte, deviennent de plus en plus aigus et supérieurs. La lumière, au rythme de sa voix, commence de vibrer et trembler.

(Obscurité soudaine.)

Action quatrieme:
L'UNIVERS

(Insupportable, éclair du rythme discontinu de l'étoile blanche. Les feuilles. Le vent. Accélerée, la kitsch-copie de la misique catolique religieuse. De l'off on peut entendre le murmure de prières infinies d'innombrables âmes mortes. Embrassés, le Premier et la Seconde, affolés, sautillent et chantonnent dans un rythme très haché. La lumière et le son sont à la limite de la résistence physique.

Ses yeux sont fermés. Ils sont très concentrésur son activité. Du murmure de l'off se séparent deux voix.)

LA SECONDE (de l'off): Les heures de l'obscurité... Et maintenant ça... De plus en plus vite... Les mots... Le crveau... Scientille comme fou... Saisis vite et continue... Et là-bas rien... Plus loin à l'autre part.... Maudit tout le temps... Quelque chose en elle... Supplie tout ça de s'arrêter... Unexaucée... Continue d'essayer... Et sans savoir quoi... Le corps, comme s'il n'est plus... La bouche, seulement... Insensée... Et ainsi de suite... Continue...

(Répète. Les danseurs, passionnés, ne prêtent pas l'attention à la musique, le vacarme et les voix qui s'entendent au brouhaha.)

LE PREMIER (de l'off): Je connaissais jadis un fou qui croyait que la fin du monde est venue. Il était peintre – et graphicien. Je l'aimais beaucoup. Je le visitais dans l'asile. Je le prenais par le bras et l'emmenais jusqu'à la fenêtre. Regarde! Regarde ces blès murs. Toute cette beauté! Et lui, il tirait son bras et s'en allait au coin. Terrifié. Il n'y voyait que des cendres...

(Répète. Dans la cacophonie universelle, ne cessant pas de sautiller, la Seconde s'insère.)

LA SECONDE: Dehors... Sur ce monde... Un être miniscule... Prématuré... Dans la tris-... Quoi? La fille? Que... Petite fille miniscule... Sur ce... Dehors sur ce... Avant letemps venu... Dans la grotte triste nommée... Nommée... Après lui passa par la tête qu'en fait elle est punie.... Pour ses péchés dont plusieurs alors... Peu importe... Peu improte... Peu importe...

(Répète. La cacophonie est de plus en plus forte.)

LE PREMIER: Ni le visage ni aucun autre part du corps ne tournais jamais vers elle ni elle vers toi mais toujours, parallels comme deux roues, sur l'exe et jamais tournés l'un vers l'autre seulement le scintillement dans l'oeil des lisières brumeuses des prés de blè sans contact et toujours l'espace vide entre vous deux sans rapport ni plus ni moins de l'ombre mais seulement la maniféstation d'amour...

(Répète. Des voix passionnées et absents, fondus en un organisme. Eux deux continuent de sautiller trempés par des feuilles et le vent. Le rythme de la prononciation, des mouvements et la force de la musique sont de plus en plus forts. La lumière est insupportable. Tout d'un coup, la Seconde crie.)

LA SECONDE: Semuel!!!

(Grasquement, tout se tait. Les danseurs s'arrêttent. Seulement encore la lumière blanche ne cesse pas de fouiller les pupilles du public. Eux deux lèvent ses regards vers la place d'ou viennent les feuilles. La Seconde ramasse ses forces, alors crie vers le ciel déchiré.)

LA SECONDE: Semuel!!! Donne nous la chance!!!

(Soudain silence. L'obscurité.)

FIN DE LA LEGENDE


NOTE POUR LE DESERT:

OINTE: Il y en a plusieurs qui mentent que le vieillard du nom de Semuel Beckett a passé ses derniers jours accroupi comme un fétus sur son lit. Les hommes occupés par le même travail que lui avaient peur de lui, mais ne le respectaient ni l'aimaient. Il est question s'il a mérité n'importe quoi du cité. En tout cas, le vieillard est mort et ses enfants mutilés sont délaissés à l'Autre Côté. Béni soit celui dont le kitsch bécquetard a laissé la paix du sommeil.

CROCHET: Dans cette étude dramatique il n'y a presque pas de répliques qui ne sont pas écrites par la main de Semuel Beckett. "Presque", parce que on a ajouté un nom personnel qui était sans doute proche à Beckett. Donc, dans la fable du souscrit sans égareds sont insérés les fragments des dialogues des suivantes drames de Beckett: FIN DE PARTIE, LES JOURS HEUREUX, EN ATTENDANT GORDEAU, ALORS et PAS-MOI. Les lauriers restent aux ceux qui rient les derniers. Autant qu'ils ont de l'oxygène.

Z. S.
A Belgrade, février 1992.


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