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TIA Janus

Radomir Popovic

Hâtif Christianisme du Balkan avant établissement des Slaves

(Serbie, la vallée du Vardar et Monténégro)

Résumé du livre "Rano hriscanstvo na Balkanu pre doseljenja Slovena (Srbija, Povardarje, Crna Gora)", Beograd, 1995. Traduit par Alexandra Menasa.

Conclusion

1

La péninsule Balkanique est un des rares espaces géographiques où l'on peut suivre le développement du Christianisme depuis les temps apostoliques jusqu'à nos jours, dans une continuité presque ininterrompue. L'extrême sud-est de l'Europe avait déjà, vers le milieu du Ier siècle de l'ère chrétienne, ressenti l'influence bénéfique de la nouvelle foi. L'Eglise chrétienne y est fondée et enracinée par l'apôtre Paul lui-même et ses disciples et collaborateurs, durant son deuxième et troisième voyage missionnaire. Paul avait d'abord prêché dans des villes d'Asie Mineure où il fonda également des assemblées ecclésiales. Aux églises nouvellement fondées dans le sud de la péninsule Balkanique, l'apôtre envoya les Epîtres qui entrèrent par la suite dans le canon des livres saints neo-téstamentairs: l'Epître aux Philippiens, deux aux Thessaloniciens, deux aux Corinthiens et deux à l'apôtre Tite sur l'île de Crète. A part ces villes où il envoya plus tard des Epîtres, Paul fonda des églises encore à Veria, à Athènes et à Cenchrées, comme l'on peut voir dans des Actes des Apôtres.

La vie chrétienne dans ces assemblées ecclésiales qui étaient devenues les principaux centres et les foyers depuis lesquels se rependait la nouvelle foi, ne nous est malgré tout pas suffisamment connue durant la période post-apostolique. On a seulement certaines données sur l'église de Corinthe qui proviennent d'une Epître de Clément datant de la fin du Ier siècle, ainsi que d'une Epître de l'évêque de Corinthe, Dionisios du IIe siècle. Sur l'église de Philippes en Macédoine nous renseigne une Epître qui lui était adressée par Polycarpe de Smyrne, également au IIe siècle.

A part les données que l'on trouve dans les Actes des Apôtres, la tradition, notée au IIIe et au IVe siècle, témoigne elle-aussi sur le développement du Christianisme dans les Balkans. La légende rapporte que le saint apôtre André, le "Premier appelé", répandait le Christianisme entre autre en Thrace, en Macédoine, dans les régions danubiennes, en Thessalie, en Achaïe ou sur le Péloponnèse. Il périt pour la foi à Patras et ses saintes reliques furent transportées au IVe siècle à Constantinople. La tradition rapporte également que le Christianisme fut prêché dans les Balkans par saint Andronice en Pannonie, par l'évangéliste Luc en Dalmatie, en Macédoine et en Achaïe et par saint Tite en Dalmatie. Un grand nombre parmi les autres disciples des apôtres prêcha en Dalmatie, à Durrachium, à Thessalonique, à Téba, à Athènes et à Corinthe.

Quelle fut la destinée des églises fondées par des apôtres et leur disciples dans le sud de la péninsule Balkanique, ne nous est pas connu suffisamment en raison du manque des sources historiques. Voyons, par contre, de quelle manière le Christianisme fut répandu en tant que "foi urbaine" à l'intérieur des Balkans. A partir des antiques centres urbains chrétiens, la foi était répandue en accord avec des conditions objectives qui régnaient dans l'Empire Romain à l'époque. Les influences chrétiennes pénétraient progressivement par des axes routiers principaux qui reliaient les espaces géographiques dans les Balkans. Du sud et de l'est par des vallées des rivières Vardar et Morava, des villes littorales des mers Egée, Marbrée, Ionique et de l'Adriatique par des célèbres routes romaines, Via Egnatia", Dyrrachium-Constantinople, puis Singidunum-Constantinople, et finalement, par des vallées des rivières Danube et Sava, circulaient les commerçants, l'armée romaine, les directives pour la direction administrative et étatique, les influences culturelles, les moeurses et les coutumes des gens. C'est l'archéologie moderne qui, quand d'autres données manquent, témoigne sur le développement du Christianisme sur ces territoires, à travers les résultats qu'elle a déjà obtenue et des nouvelles découvertes qu'elle fait toujours. Les fouilles ont dévoilées des fondations des basiliques paléochrétiennes, des baptistères, des nécropoles ou des cimetières avec des inscriptions tombales ou autres datant des débuts du Christianisme, ainsi que des éléments de l'art paléochrétien caractéristiques pour les premiers siècles de l'histoire de l'Eglise chrétienne. Ce sont des données extrêmement importantes si l'on sait que les historiens les plus anciens de l'Eglise, tels qu'Eusébe de Césarée, Socrate et Sosomène, rapportent seulement des informations partielle sur l'Eglise des Balkans durant les premiers quatre siècles de l'ère chrétienne. Cela signifie que les seules sources autochtones restent des monuments archéologiques et épigraphiques.

2

A l'époque de l'Empire Romain tardif, les territoires de l'actuelle Serbie, de Macédoine et du Monténégro appartenaient aux plusieures provinces dont les frontières n'étaient pas stable ni fixés. Ce sont des provinces suivantes: Pannonie II, Mésie I, Dardanie, Dace Riverine, Dace Méditerranéenne, Macédoine II et Prévalitana. Les capitales de ces provinces, ainsi que d'ailleurs tous les grands centres urbains de l'époque, sont mentionnés déjà au début du IVe siècle en tant que centres épiscopaux. Le plus grand nombre des données sur le passé chrétien de ces villes fut obtenu par les recherches de l'archéologie chrétienne dont les résultats sont abondants.

La capitale de la Pannonie II était Sirmium, tandis que ses deux autres centres urbains importants étaient Mursa et Cibalae. La vie organisée de l'Eglise peut être suivie en Pannonie déjà à partir du IIIe siècle, car en 258 à Cibalae périt pour la foi l'évêque Eusèbe. A partir des temps de l'empereur Dioclétien (282-305), Sirmium devint non seulement la capitale de la Pannonie II, mais également une des quatre villes impériales de l'Empire Romain. Plusieurs empereurs-soldats de l'époque du IIIe et du IVe siècle, avaint été originaires de Sirmium ou de ses environs. Ce furent Déce Trajan, Auréliane, Probe, Maximien et Constance II.

Les persécutions des chrétiens sous Dioclétien dans les années 303-304, donnèrent de nombreuses victimes pour la foi dans l'Eglise en Pannonie, tels que l'évêque Irénée (+ 304), le diacre Dimitrios, Silvane, le prêtre Romule, la jeune fille Anastasie, les quatres saints Couronnés (Quatuor Coronati) dont les noms étaient: Claudius, Simpronianus, Castorius et Nicostratus, puis également le saint Polione, lecteur de Cibalae. Comme se fut constaté par des découvertes archéologiques, Sirmium avait des temples-martyrium consacrés aux martyrs: sainte Anastasie et saint Sinéros, tandis que le culte des Quatuor Coronati fut plus tard transmit en Occident, à Rome, en raison des invasions des Goths et des Hunes au Ve et au VIe siècle.

Presque tous les évêques sirmiens du IVe siècle nous sont connus. Parmi eux il veut un grand nombre d'hérétiques, ariens ou demi-ariens. Vers la fin du VIe siècle, après l'an 582, Sirmium en tant que centre ecclésial de la Pannonie cessa d'exister et c'est seulement autours de 870, quand l'un des saints Frères, apôtres des Slaves, Méthode devint évêque de Pannonie "sur le trône d'Andronice" et probablement de nouveau à Sirmium, que cette ville reprit son importance,

Mursa (Osijek) ne possède pas des témoignages évidents sur des martyrs locaux paléochrétiens. Même des restes archéologiques y sont rares, à part des fondations "de la basilique épiscopale appartenant peut-être à Valons", et de l'inscription en langue grecque qui indique l'existence d'une synagogue juive.

Déjà vers le milieu du IIIe siècle, Vinkovci (Cibalae) avait son évêque et au début du IVe siècle, une victime pour la foi. Un sarcophage avec le signe du poisson gravé qu'une inscription tombale avec le monogramme du Christ, témoignent également sur la vie chrétienne dans cette région de la Pannonie.

Dans la province de Dardanie, à part dans sa capitale Scupi (Skoplje), le plus grand nombre des traces paléochrétiennes se trouve à Ulpiana (Lipijan), à Justiniana Prima (Caricin Grad) et dans la vallée du Lim. Scupi n'a pas de martyrs locaux pour la foi, tandis qu' Ulpiana a, déjà vers le milieu du IIe siècle, les deux saints tailleurs de pierre, Florus et Laurus, auxquels fut, plus tard, consacrée une basilique dans cette ville. Du temps de Justinien, Ulpiana fut réstoré sous le nouveau nom de Justiniana Secunda.

Sur les lieux où il fut né, l'empereur Justinien (527-565) bâtit une ville nouvelle qui devint le centre ecclésiastique pour l'Illyricum. Ce fut Justiniana Prima, le siège de l'archevêché du même nom, qui fut fondé en l'an 535. Durant derniers soixante-dix ans, sur la localité archéologique Caricin Grad furent trouvés huit temples chrétiens, l'église épiscopale de cimetière, la résidence de l'archevêque et bien d'autres témoignages matériels du passé lumineux de cette métropole chrétienne du VIe siècle.

La province Dace Méditerranéenne avait principalement deux villes importantes: Naissus (Nis) et Remesiana (Bela Palanka). La ville natale du premier empereur chrétien Constantin le Grand (+ 337), avait ses évêques déjà au début du IVe siècle et ce furent Cyriaque, Gaudentius, l'un des principaux participants du concile de Sardique de l'an 343, Bonosus et d'autres. Les sources laissent supposer que Naissus eut des martyrs locaux qui sont probablement représentés par des figures encore non-identifiées, peintes dans la nécropole paléochrétienne de cette ville, datant du IVe siècle. Ces figures sont représentées à côté de celles des apôtre Pierre et Paul lesquelles peuvent être comparées aux images découvertes dans les tombeaux célèbres de Rome et de Naples.

En tant que centre paléochrétien, la ville de Remesiana est le plus connue par son évêque, saint Nicétas, qui fut poète de l'Eglise et grand missionnaire chrétien parmi les Goths, les Daces, les Hunes et les Besses.

Les centres paléochrétiens importants en haute Mésie et en Dace Riverine, à part la capitale Viminacium, étaient: Singidunum, Margus, Aquae et d'autres localités plus petites. Viminacium fut le siège épiscopal et des nombreuses inscriptions en langues latine et grecque, témoignent de son passé chrétien.

La rive droite du Danube jusqu'au Djerdape, abonde en forts militaires et en localités datant de l'époque justinienne, qui avaient des petites églises et baptistères adaptés à leurs besoins. Nous pouvons citer: Cezava, Gradac, Boljetin, Donji Milanovac et autres.

Singidunum (Beograd) eut ses premiers martyrs pour la foi en l'an 304. Ce furent le diacre Fortunatus et le chrétien Donatus. Vers 315, du temps des persécutions des chrétiens sous Licinius, périrent le diacre Hétmilos et le soldat Stratonicos. Un des premiers témoignages du Christianisme à Beograd est un sarcophage qui porte les représentations du prophète Jonas et du Bon Berger.

L'archéologie paléochrétienne apporte moins de données sur les villes Aquae (près de Prahovo en Serbie de l'est à proximité de Negotin) et Romulianum (Gamzigrad près de Zajecar). C'est seulement au VIe siècle qu'Aquae devint un centre épiscopal plutôt de l'empereur Galère (311) n'est pas, jusqu'à présent, confirmée en tant que siège épiscopal.

La Macédoine est la province qui abonde le plus en diverses réminiscences datant de l'époque paléochrétienne, telles que ses anciennes cité Héraclées près de Bitolj, Stobi (le village Gradsko), Lychnidus (Ohrid), Bargala (Goren Kozjak), Zapara et Dovir. Héraclée Lyncestis avait déjà au IVe siècle une basilique qui au Ve siècle fut dotée d'un baptistère de forme circulaire. Les sols en mosaïque de la "grande basilique" d' Héraclée avec leurs symboles zoomorphes et végétaux, illustrent la foi chrétienne et la doctrine sur les mystères du baptême et de l'Eucharistie ainsi que la foi en la vie éternelle et la victoire finale du bien sur le mal. Sur les débuts du Christianisme dans ce siège épiscopal témoignent également de nombreuses inscriptions en langue grecque, datant du IVe et du Ve siècle, dont les inscriptions du soldat Spourkios et du lecteur Basile qui "attend avec le monde entier la paroussie", la deuxième venue du Christ.

La capitale de Macédoine II, Stobi, a ses évêques déjà au IVe siècle. Quelque peu plus tard, elle accéda au rang de métropole. A Stobi fut conservée la résidence épiscopale ainsi que "la basilique de l'évêque Philippe" portant l'inscription de son mecéne-bâtisseur. Les documents des conciles ścuméniques rendirent connus certains noms des évêques de Stobi tels que Voudios (325), Nicolas et Phokas, tandis que des inscriptions paléochrétiennes parlent de l'évêque Philippe, du prêtre Policharmos (IVe siècle), de la diaconesse Matrona et de l'archidiacre Théophilos (VIe siècle).

Dans la région du lac Ohrid, la ville Lychnidus eut comme missionnaire le saint Erasme (+ 303) dont témoigne une basilique qui lui était dédiée, doté d'une piscine en forme de cross, ainsi que des partères en mosaïque représentant "les quatre fleuves du Paradis" symbolisant le saint mystère du Baptême.

Les influences chrétiennes pénétraient en Macédoine par Thessalonique et Constantinople ainsi que de l'Orient en général, dont témoignent l'architecture des églises et l'art des débuts du Christianisme. La forte organisation ecclésiastique de la province Macédoine avait accuellit également la migration des Slaves du sud, au VIe et VI Ie siècle. C'est sur ces territoires que les Slaves rencontrèrent pour la première fois le Christianisme et la civilisation byzantine en général.

La région de Prévalitana (Le Monténégro et l'Albanie du nord actuels) n'est pas riche en trouvailles archéologiques paléochrétiennes. L'on peut trouver quelque sites à Prevlaka près de Tivat. A Petrovac fut conservée une mosaïque représentant trois poissons réunis par une tête commune ainsi que des pains entrecroisés, qui date de la fin du IIIe siècle.

Docléia près de Podgorica est bien plus riche en restes archéologiques avec ses deux basiliques, sa nécropole et bien sûr, le précieux "verre de Podgorica" orné des figures typiques pour la période paléochrétienne.

Donc, toutes ces réminiscences paléochrétiennes provenant de la Serbie, de la Macédoine et du Monténégro ainsi que de toute la région des Balkans, comme également toutes celle que nous n'avons pas pu énumérer en raison de l'espace restreint et du cadre de notre sujet, témoignent que le Christianisme, déjà au IIIe au IVe siècle, n'était pas seulement répandu sur ces territoires, mais qu'il y était devenu la civilisation dominante qui fleurissait et se développait en rayonnant son influence bénéfique vers les peuples des environs qui n'avaient pas encore été baptisés.

3

Dans l'histoire de l'Eglise chrétienne, le IVe siècle se passa sous le signe des luttes avec l'hérésie arienne. L'arianisme surgit en Orient, en Egypte et en Asie Mineure. Cependant, durant la cinquième, sixième et septième décennie du IVe siècle, les provinces occidentales de l'Empire Romain et tout particulièrement l'Illyricum dans les Balkans, entrèrent plus activement dans la lutte autour de cette hérésie. Les ariens et les demiariens les plus importants de l'époque étaient originaires d'Illyricum. Ce furent Ursacius et Secundianus de Singidunum, Valons de Mursa et Photinus et Germinius de Sirmium. Les trois évêques que l'on appelé "1e trio illyrien", Ursacius, Valens et Germinius, avaient le soutient direct de l'empereur Constance II (337-361) qui séjourna à Sirmium presque sans interruption durant la période de 353 à 361.

En plein crise arienne, ce sont justement les territoires balkaniques qui démontrèrent que même si l'hérésie provenait de l'Orient, cela ne signifiait pas que tout l'Est y était attaché ni, d'ailleurs, que tout l'Occident était resté orthodoxe. Le concile de Sardique, tenu en 343 à la frontière de l'Orient et de l'Occident, en fut également témoin. Ce concile est d'une importance toute particulière pour nous car ili rassembla le plus grand nombre d'évêques venant de nos territoires. Y assistèrent Evtérius de Sirmium, Valens de Mursa, Marc de Siscia, Amantius de Viminacium, Ursacius de Singidunum, Parégorius de Scupi, Macedonius d'Ulpiana, Protogène de Sardique, Gaudentius de Naïssus, Vitalis d'Aquae, Aétius de Thessalonique et Fortunatus d'Aquilée. D'un autre côté, après le concile de Sardique pour un certain temps, les antinicéens étaient mis en défensive. Même leur lideurs, tels que Ursacius et Valens, "adhérèrent" aux nicéens.

Durant plus d'une décennie Sirmium fut l'endroit où étaient après la mort d'Ursacius, ce fit de nouveau un arien, Secundianus, qui prit la place d'évêque.

Sur l'initiative de Basile le Grand et du pape Damase, en l'an 378 à Sirmium fut tenu un concile de nicéens au cours duquel furent condamnés six évêques omiens d'Illyricum: Polychronius, Télémac, Tauste, Asclépius, Amanttus et Cléopatros. Pour détruire les derniers restes de l'arianisme en Occident, l'empereur Gratianus convoqua en automne de l'an 381, un concile à Aquilée. Les évêques d'Italie, de Gaule, d'Afrique et d'Illyricum y assistèrent. Ces derniers étaient représentés par Anémius de Sirmium, Secundianus de Singidunum, Palladius de Ratiaria, Feliew de Iadera, Maxime d'Emona, Constantin de Siscia et Amantius de Iovia. Durant ce concile furent condamnés Secundianus de Singidunum et son prêtre Atalius, ainsi que l'évêque de Ratiaria, Palladius. Le débat fut mené par le saint Ambroise de Milan ainsi que par Anémius de Sirmium.

Dans la deuxième moitié du IVe siècle en Illyricum oriental eut lieu le baptême d'une partie des Goths, au temps de leur évêque Ulfila (+ 383). Les Goths servaient à cette époque dans l'armée impériale et habitaient la région danubienne et la Mésie II. Ce IVe siècle ne donne en Illyricum aucun écrivain important à part l'évêque Ulfila qui traduit les Saintes Ecritures en langue gothe.

Au cours du Ve siècle les grandes migrations des peuples du nord et de l'est d'Europe déferlèrent sur les Balkans et l'Illyricum. L'Eglise de ces régions et son organisation furent en grande partie détruites. Les sources écrites ainsi que des restes archéologiques en témoignent. En raison des invasion barbares, le siègle de la préfecture pour l'Illyricum fut, déjà vers la fin du IVe siècle, transféré de Sirmium à Thessalonique. C'est à ce moment que l'on lie la formation du soit-disant "vicariat de Thessalonique" en tant que représentation du pape pour l'Illyricum. Cependant, les sources ne donnent pas à supposer qu'un tel fait est historiquement exact, de même que ne sont pas justifiés des opinions des historiens romain-catholiques plus modérés, que chaque nouveau pape (et ce furent, par exemple, Damase (368-384), Silice (384-398), Inocentius (402-417) et Boniface (418-422), devait donner des pouvoirs spirituels à chaque nouveau métropolite de Thessalonique (tels que Ascholius (360-382, Anisius 384-407) et Rufus (417-434).

Le Ier et le IIe canons du IIIe Concile Ścuménique tenu à Ephèse en 431 laissent deviner qu'en raison d'une situation politique extrêmement difficile, les évêques d'Illyricum n'avaient pas pu y assister, malgré qu'ils furent du côté de saint Cyrile et des orthodoxes. Ils s'engagèrent par contre plus activement sur question de l'hérésie d'Eutychès. L'on mentionne surtout un grand nombre d'évêques des régions sud de la péninsule balkanique qui participèrent au IVe Concile Ścuménique.

Peu de temps avant ce Concile, les Hunes d'Attila dévastèrent l'Illyricum ce qui amena le fait que les évêques des villes suivantes ne sont pas mentionnés au cours du Concile de Chalcédoine de l'an 451: Sirmium, Viminacium, Aquae, Remesiana, Ulpiana et Scupi. Par contre Docléa, Bargala, Dovir, Héraclée, Stobi, Lychnidus et Margus avaient leurs évêques.

Durant le travail du concile, il se montre que les évêques illyriens étaient du côté des orthodoxes, vu qu'ils "changèrent de place" et qu'ils abandonnèrent Dioscore. Ils firent des remarques concernant le "Tomos" du pape Léon I et le Concile les examina en donnant des explications basées sur des Epîtres de Cyrille adressées à Nestorius.

Au temps du "schisme d'Acace" (484-518), les évêques d'Illyricum s'opposèrent à la politique religieuse pro-monophysite de certains empereurs tels que Zenon ou Anastase.

On peut brièvement conclure que ce Ve siècle fut pour l'Illyricum plus pauvre en événements que le siècle précédent, comme nous avons pu le voir à travers ce qui a été dit ici.

4

Le temps de Justinien fut riche en événements ecclésiaux en Illyricum. L'empereur fut, en autre, bon théologien. Lui même et son long règne représentent l'expression des tendences orthodoxes dans la politique étatique de la Byzance, dans son armée, sa législation et son église. Vu la grande force des monophysites, l'empereur n'avait pas pu s'opposer à eux ouvertement. Pour commencer, le colloque tenu avec eux à Constantinople en 532, n'a pas donné des résultats espérés. Le conflit concernant les "Trois Chapitres" allait dans le même sens – le rapprochement des orthodoxes et des monophysites sur des prémices de la foi formulée en Chalcédoine en 451. Ce dans l'esprit de cette foi de Chalcédoine que les évêques d'Illyricum condamnèrent les "Trois Chapitres" au cours du Ve Concile Ścuménique, tenu en 553 à Constantinople. Venant d'Illyricum, on y mentionne Benignus d'Héradée et Phocas de Stobi. En même temps séjournaient à Constantinople, sans toute fois participer au Concile, Proïectus de Naïssus, Paul d'Ulpiana, l'archevêque de Justiniana Prima, Bénénatus et Sibinianus de Zapara en Macédoine.

A l'époque justinienne, la Byzance fessait des entreprises missionnaires dans la région du Caucase, au sud de la Russie actuelle, en Abissinie et en Gaule, tandis qu'en Illyricum furent baptisés les Wisigoths, les Hunes, les Langobards en Pannonie, les Gepides et les Hérules dans les environs de Beograd actuelle en Serbie du nord et dans certaines régions du Srem et du Banat.

Pour l'organisation ecclésiastique d'Illyricum au temps de Justinien, fut d'une grande importance la fondation de l'archevêché Justiniana Prima le 14 avril 535, dans la ville natale de l'empereur. Le nouvel archevêché englobait les partie centrales de la péninsule Balkanique: au nord à partir du Danube, à l'Est jusqu'au Sardica au sud jusqu'au Vardar et Stobi, sud-ouest – Scodra, et de nouveau vers le nord, la partie basse du Srem. Ce centre ecclésial fut fondé au moment où le danger des Avares et des Slaves planait systématiquement sur les Balkans. Le rôle que joua l'archevêché sur le scène historique fut court car déjà au début du VIIe siècle, à peine soixante-dix ans après sa fondation, la ville fut détruite.

Déjà à partir du VIe siècle, les Slaves fessaient des incursions sur la péninsule Balkanique. A la différence des Avares, ils montraient de l'intérêt pour rester définitivement au sud du Danube et de Sava. Après que les Avares conquirent en 582 Sirmium, "le portail de la péninsule Balkanique, la voie est ouverte à l'immigration des Slaves". Même le complexe des forts militaires, bâtis par Justinien en Illyricum entre 540 et 554, ne fuit pas un grand obstacle pour les nouveaux arrivants. Ces forteresses avaient leurs évêques qui, d'après la législation justinienne, prenaient part dans l'administration locale des villes et dans défense des cités devant l'ennemi, comme le démontrent les exemples des évêques de Singidunum, Sirmium et Thessalonique.

L'empereur Maurice (582-602) fit la dernière tentative, qui d'ailleur resta infructueuse, pour rejeter les Slaves et les Avares des frontières nord de la Byzance. Ni le pouvoir politique byzantin ni e l'organisation ecclésiastique, ne fonctionnaient plus en Illyricum. Les évêques qui survécurent, s'enfuirent en Orient ou en Occident. A ce moment disparirent et cessèrent pour toujours d'exister des nombreux évêchés en Illyricum qui fleurissaient du quatrième au sixième siècle. Ainsi, en ce qui concerne l'Eglise chrétienne en Illyricum, fut formé un espace quasiment vide qui était alors conquit par les Slaves. Dans l'Epître circulaire du pape Grégoire le Grand de 597, qui contient la liste de métropoles illyriennes, l'on peut voir que les évêchés de la Haute Mésie, la Dace, la Dardanie et la Macédoine, n'existent point.

Le fait qu'à l'époque les saintes reliques d'un grand nombre des martyrs et des saints paléochrétiens fut transporté d'Illyricum à l'Est et à l'Ouest, témoigne également de l'état de l'Eglise en Illyricum à cette époque. Les évêques abandonnaient leurs évêchés, comme le montre clairement l'exemple de l'évêque de Sirmium, Sebastien, après l'an 582. Le baptême des Slaves du sud commença dans la péninsule Balkanique dès le début du VIe siècle, au moment où ils arrivèrent sur les frontières nord de la Byzance. A leur arrivée, les Slaves trouvèrent dans leur nouvelle patrie, une organisation ecclésiastique en majeur partie détruite. Il faut dire qu'eux-mêmes contribuèrent à sa décomposition. De religion polythéiste, les Slaves abandonnaient difficilement leur ancienne foi païnne et acceptaient le Christianisme avec lanteur. Les influences chrétiennes atteignaient les Slaves du sud en venant principalement des contrées orientales également des villes littorales située à l'Ouest. D'après les sources historiques, le premier baptême des Serbes peut être certifié, eut lieu vers la fin du règne de l'empereur Hiraclius (610-641). Cette information est rapportée par l'empereur et l'historien byzantin Constantin VII Porphirogenète, vers le milieu du Xe siècle. D'après lui, les Serbes immigrèrent d'abord sur les territoires désertés par les Avares, en Dalmatie, Prevalitana et dans les environs de Thessalonique. Après la tentative de retourner dans l'ancienne patrie, ils s'établirent avec la permission de l'empereur Hiraclius dans les régions de Paganie, Zahumije, Travunie, Konavlje et Dioclitie. L'empereur les baptisa alors, en tant que ses sujet, en leuramenantles prêtres de Rome. Il est probable que cet événement eut lieu entre 630 et 641. Pourtant, l'information de Porphirogenète d'après laquelle le baptême des Serbes et des Croates fut fait sous l'influence occidentale au temps du pape Honorius, peut plutôt être compris en tant que restauration de l'organisation ecclésiastique sur le territoire de la province Dalmatie qui, dans ces premières décennies du VIIe siècle, avait subit fortes attaques des Avares et des Slaves.

Ce premier baptême des Serbes ne laissa pas de traces profondes parmie le peuple. Leur baptême définitif eut lieu dans la deuxième moitié du IXe siècle, quand les Slaves reçurent leur alphabet et entendirent l'Evangile prêche dans leur langue.


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